Deux tiers de la biodiversité mondiale vit dans le sol

Le sol est l'habitat le plus riche en espèces de la planète. Cette conclusion émane d'une synthèse réalisée par une équipe de recherche suisse. Selon cette étude, deux tiers de toutes les espèces connues vivent dans le sol. Les champignons sont le groupe qui compte le plus d'espèces vivant dans le sol, soit environ 90 pour cent, suivis par les plantes, y compris leurs racines.
Un habitant typique du sol: le collembole Dicyrtomina minuta sur des œufs d'escargots. (Photo: Andy Murray)

Les récifs coralliens, les grands fonds marins ou la canopée des forêts tropicales sont considérés comme les points chauds de la biodiversité. Cependant, tous ces habitats sont éclipsés par les sols: selon une nouvelle étude, ceux-ci sont les écosystèmes les plus riches en espèces au monde. Leur importance pour l'alimentation humaine est énorme, et la proportion de sols dans le monde considérés comme dégradés ou détruits ne cesse d'augmenter. Un trio de chercheurs mené par l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL vient d'établir pour la première fois une estimation de la biodiversité mondiale des sols.

Affiliés au WSL, à l'Université de Zurich et à l'institut de recherche agricole Agroscope, les auteurs ont passé en revue la littérature spécialisée et réévalué les données existantes sur les espèces identifiées dans le sol. Leurs résultats, publiés dans la prestigieuse revue PNAS, suggèrent qu'à l'échelle mondiale, les deux tiers de toutes les espèces vivent dans le sol. Cette estimation est plus du double des prévisions antérieures sur la richesse en espèces du sol selon lesquelles à peine 25 pour cent de toutes les espèces vivaient dans le sol.

Le groupe comportant la plus grande proportion d'espèces vivant dans le sol est celui des champignons, avec 90 pour cent. Viennent ensuite les plantes et leurs racines, avec 86 pour cent. Chez les vers de terre et les mollusques comme les escargots, ce chiffre est de 20 pour cent. «Mais c'est surtout pour les tout petits organismes comme les bactéries, les virus, les archées, les champignons et les protozoaires que personne n'a encore tenté d'estimer la diversité», explique Mark Anthony, premier auteur et chercheur au WSL. Pourtant, ce sont justement eux qui sont décisifs pour le recyclage des nutriments dans le sol et pour le stockage du carbone, et importants en tant qu'agents pathogènes et partenaires des arbres.

Promouvoir une meilleure protection des sols

Comme les données sur la diversité des sols sont extrêmement lacunaires – en particulier dans les pays du Sud – les résultats de l'étude présentent des fourchettes parfois énormes. Chez les bactéries, par exemple, la valeur moyenne est de 40 pour cent d'espèces vivant dans le sol, mais avec une fourchette de 25 à 88 pour cent. Chez les virus également, qui sont principalement étudiés en tant qu'agents pathogènes humains, la marge d'incertitude est considérable. Les auteurs s'attendent donc à quelques critiques sur leurs méthodes et leurs conclusions. «Notre travail est une tentative initiale, mais importante, pour estimer la part de la biodiversité mondiale qui vit dans le sol», déclare Marc Anthony.

L'objectif, selon lui, est de fournir une base pour des décisions urgentes visant à protéger à l'échelle mondiale les sols et leur biodiversité. «Les sols sont soumis à une énorme pression, que ce soit en raison de l'intensification de l'agriculture, du changement climatique, des espèces envahissantes et bien d'autres facteurs», souligne-t-il. «Notre étude montre que la diversité des sols est immense et par conséquent importante et que les sols devraient donc être beaucoup plus pris en compte dans la protection de la nature.»

Contact

Mark Anthony
Wissenschaftlicher Mitarbeiter
mark.anthony(AT)wsl.ch
+41766203678
Eidg. Forschungsanstalt WSL
Zürcherstrasse 111
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