Le Portail de la durabilité dévoile la richesse du réseau local

Fruit d’une collaboration interinstitutionnelle UNIL-IMD-EPFL coordonnée par les centres E4S et CLIMACT, une nouvelle plateforme recense plus de 330 acteurs de la recherche et de l’innovation en matière de durabilité au sein des trois écoles partenaires.
Michaël Aklin & Nicolas Tétreault © Alain Herzog 2023 EPFL

«On surestime parfois la connaissance qu’ont les scientifiques de l’écosystème existant dans leur propre domaine. Identifier des partenaires qui ont des idées intéressantes et avec qui on peut trouver des synergies et des complémentarités, c’est une tâche difficile qui prend du temps et de l’énergie. Prémâcher ce travail pour les parties prenantes permettra de donner lieu à de nouveaux projets ambitieux.»

Récemment arrivé à l’EPFL en tant que professeur associé à la Chaire en politique publique et durabilité du Collège du management de la technologie, Michaël Aklin a repris la codirection du centre E4S (Enterprise for Society) et se réjouit d’y avoir découvert un projet à bout touchant. Mené en coordination avec CLIMACT, le Portail de la durabilité a reçu l’appui du Centre de Compétences en Durabilité de l’Université de Lausanne ainsi que des Vice-Présidences Académique et Transformation Responsable de l’EPFL.

«Offrir une information telle que celle apportée par le Portail de la durabilité UNIL-IMD-EPFL, est un bien public important.»      Michaël Aklin, co-directeur de E4S

Ce projet de mapping de la recherche et de l’innovation en matière de durabilité a démarré début 2022. Il aboutit aujourd’hui à la mise en ligne d’une plateforme recensant plus de 330 figures actives dans la recherche à l’EPFL, l’Université de Lausanne ou l’IMD, ou gravitant autour, comme des startups spin-off des trois écoles partenaires ou encore des associations étudiantes engagées dans la durabilité.

«La durabilité et les changements climatiques sont des questions transversales où il y a un bénéfice important à être interdisciplinaire et interinstitutionnel pour aller chercher des expertises complémentaires et amener des solutions systémiques à fort impact», relève Nicolas Tétreault, directeur opérationnel de CLIMACT. Il espère que le portail «donnera du souffle à la transition vers une société plus durable en permettant la création de nouveaux consortiums de recherche».

Seize sous-thématiques

Seize sous-thématiques permettent d’appréhender l’étendue des compétences et expertises des membres de ce réseau : énergie, biodiversité, matériaux, mais aussi justice, normes sociales ou encore gouvernance, etc.

«Il y a aussi des exemples de projets très concrets», relève Nicolas Tétreault. «Cela vaut la peine de s’attarder, de cliquer un peu partout sur les bulles pour découvrir ce que les gens font. Cela montre que ces trois institutions touchent à l’ensemble des thématiques liées à la durabilité.»

«Pour quelqu’un qui serait défaitiste ou éco-anxieux, ça peut être super intéressant d’aller sur ce portail voir tout ce qui se fait de positif et d’innovant.»      Nicolas Tétreault, directeur opérationnel de CLIMACT

La collecte de données a commencé en mars dernier, principalement auprès du corps professoral des institutions, mais pas seulement. Les profils ont ensuite été retenus sur la base d’une définition de la durabilité, adoptée d’un commun accord par les instigateurs du portail, comme devant «garantir le bien-être humain au fil des générations, ainsi que la stabilité des écosystèmes. Selon le modèle économique du doughnut, cela signifie que l'impact de toutes les activités humaines doit être contenu dans les limites écologiques de la planète, tout en garantissant l'équité et les besoins de base pour tous».

Ancrage local

En plus d’être un outil utile pour les acteurs de la recherche et de l’innovation, le portail représente une porte d’entrée bienvenue pour les médias, l’industrie et le monde politique. L’aspect local est assumé, et même revendiqué: «Avec un portail EPFL-Berlin, on n’aurait pas la même complémentarité par rapport à l’influence sur les politiques publiques suisses ou vaudoises. Quand je discute avec les pouvoirs publics, ils trouvent toujours rassurant de savoir que grâce à notre collaboration au sein d’E4S, ils parlent à trois institutions plutôt qu’à une seule», explique Michaël Aklin.

«On aurait parfois pu s’éviter beaucoup de peine si on avait eu une approche plus multidisciplinaire», ajoute le politologue. Le traumatisme de juin 2021 n’est pas loin: «Il y a eu un énorme réveil après la débâcle de la Loi sur le CO2. Dans nos universités, il y a eu cette prise de conscience qu’on ne peut pas juste proposer des solutions et que tout le monde sera prêt à avancer sans que l’on ait emmené la société avec nous», complète Nicolas Tétreault.

Pour son confrère issu des sciences sociales, les aspects sociaux et institutionnels de la durabilité sont de mieux en mieux pris en compte à l’EPFL. «Même les scientifiques les plus académiques se rendent compte qu’une technologie, aussi belle soit-elle, n’est pas très utile si elle n’est pas adoptée», souligne Michaël Aklin.

Un dialogue fructueux

Le fait de regrouper des acteurs situés dans un rayon de moins de 5 kilomètres favorisera ce dialogue interdisciplinaire. Juste avant l’été, un premier E4S Community Meet Up a réuni des membres du réseau sur le thème de l’économie circulaire, avec une douzaine de présentations de format court couvrant plusieurs angles, suivies d’un apéro de réseautage. L’objectif est d’en organiser de manière régulière, en invitant les membres du Portail de la durabilité à rencontrer d’autres experts de leur domaine, prévoit Julia Bory, co-responsable du pôle Innovation d’E4S. Celle qui a conduit le projet du Portail de la durabilité à E4S souligne l’aspect dynamique de la plateforme, qui permettra à davantage de chercheuses et de chercheurs de la rejoindre après son lancement. L’appel est lancé.