Le prix Cloëtta décerné à deux professeures de l'ETH Zurich à Bâle

Les professeures Tanja Stadler et Barbara Treutlein ont reçu le prix Cloëtta pour leurs réalisations exceptionnelles dans le domaine de la recherche biomédicale et de la biologie du développement.
Les professeures Barbara Treutlein et Tanja Stadler du département de science et d'ingénierie des biosystèmes de l'ETH Zurich. (Photo : ETH Zurich / Carolin Arndt)

À l'occasion de son 50e anniversaire, la Fondation Max Cloëtta a décerné son Prix du Jubilé à deux professeures de l'ETH Zurich, Tanja Stadler et Barbara Treutlein, pour leurs réalisations exceptionnelles et leurs recherches actives dans le domaine de la biomédecine. Travaillant toutes deux au département de science et d'ingénierie des biosystèmes de l'ETH Zurich à Bâle, en Suisse, Tanja Stadler et Barbara Treutlein se partageront la dotation du Prix, d'une valeur de 250'000 francs suisses, afin de financer leurs futures recherches.

Prévision des agents pathogènes, comme la météo

En tant que professeure d'évolution informatique, Tanja Stadler est devenue une scientifique biomédicale de premier plan en Suisse et dans le monde. Ses recherches en phylogénétique statistique sont essentielles pour les études génomiques de l'évolution et de l'épidémiologie des agents pathogènes. Travaillant à l'interface des mathématiques, de l'informatique et de l'évolution, elle a apporté des contributions essentielles à la science et à la société grâce à ses travaux sur la propagation et l'évolution des maladies infectieuses, notamment le VIH, le virus Ebola, le COVID-19 et la variole du singe. Ses travaux développent des théories fondamentales et des outils informatiques pour répondre aux questions centrales de l'évolution, ce qui fait progresser les sciences de la vie non seulement en biologie moléculaire, en virologie, en épidémiologie, en immunologie et en écologie, mais aussi en biologie du développement et en évolution des espèces. Pendant la pandémie de coronavirus, Tanja Stadler a apporté une contribution importante à la réponse à la pandémie en Suisse et a présidé la Swiss National COVID-19 Science Task Force.

Tanja Stadler imagine un monde dans lequel chacune et chacun aura accès à une application de prévision qui montre la progression des épidémies et facilite la prise de décision individuelle et sociétale. Tout comme les prévisions météorologiques nous aident à décider si nous devons emporter un parapluie au travail, les prévisions épidémiques pourraient nous aider à évaluer l'intérêt, par exemple, de porter temporairement un masque. Tanja Stadler prévoit d'utiliser sa part du prix pour résoudre des questions scientifiques liées à l'analyse en temps réel d'énormes ensembles de données génomiques sur les agents pathogènes. De telles analyses sont indispensables pour établir des prévisions exhaustives en matière d'épidémies.

Commentant l'attribution du Prix, elle déclare : «Je suis très honorée de recevoir cette grande reconnaissance de mon travail. Le fait de partager ce prix avec Barbara Treutlein reflète l'environnement scientifique exceptionnel de l'ETH Zurich et de son campus florissant de Bâle - un foyer scientifique pour nous deux».

Chaque cellule a une histoire à raconter

Professeure de biologie quantitative du développement, Barbara Treutlein est une scientifique internationale de premier plan et une pionnière dans le domaine de la génomique unicellulaire. Elle est fascinée par les processus complexes qui orchestrent la façon dont un organisme entier, qui peut être composé de centaines de millions de cellules, se développe à partir d'une seule cellule. Un processus qui se déroule grâce à l'activité dynamique de milliers de gènes dans le génome. Son laboratoire a mis au point des outils expérimentaux et informatiques sophistiqués pour mesurer et analyser cette activité génomique dans chaque cellule et dans des milliers de cellules à la fois. Son groupe de recherche utilise ces technologies pour étudier les processus complexes qui sous-tendent le développement du cerveau humain. Pour ce faire, le développement du cerveau humain est modélisé dans une boîte de Pétri à l'aide de tissus tridimensionnels, appelés organoïdes, qui se forment à partir de cellules souches humaines immatures. Les analyses de ces organoïdes cérébraux au niveau de la cellule unique effectuées par le laboratoire de Barnbara Treutlein ont permis de mettre en lumière les processus fondamentaux du développement et de l'évolution du cerveau humain, ainsi que de jeter un nouvel éclairage sur les troubles cérébraux tels que l'autisme.

Le laboratoire de Barbara Treutlein a également fait des découvertes décisives dans le domaine de la régénération des organes. Le laboratoire a notamment étudié comment des salamandres telles que l'axolotl peuvent faire repousser des membres entiers ou même des parties du cerveau après une grave blessure. Pour la première fois, son laboratoire a fourni une description moléculaire détaillée des cellules individuelles qui remodèlent et construisent un membre entier après une amputation et de la manière dont les nouveaux neurones se forment et fonctionnent après une lésion cérébrale massive, ces deux travaux utilisant l'axolotl comme modèle. Dans l'ensemble, Barbara Treutlein a donné une orientation nouvelle et quantitative à la biologie du développement, à la régénération et aux organoïdes.

«Je tiens à remercier tous les membres actuels et précédents de mon équipe pour leur travail exceptionnel et leur dévouement à leurs projets. Le Prix du Jubilé Cloëtta est une formidable reconnaissance de nos recherches et je suis très honorée de le recevoir», a déclaré Barbara Treutlein. La professeure a l'intention d'utiliser sa part du Prix Cloëtta pour mieux comprendre comment des types de neurones spécifiques émergent au cours du développement du cerveau humain et comment nous pouvons imiter ces processus pour concevoir avec précision des neurones humains in vitro.