L'architecte Anne Lacaton reçoit le prix Erna Hamburger

Le prix décerné par la Fondation EPFL-WISH a été remis à la Française le 7 novembre au Rolex Learning Center de l’EPFL.
Anne Lacaton. ©Philippe Ruault

En récompensant la française Anne Lacaton, le Prix Erna Hamburger honore cette année non seulement une architecte de talent, mais aussi une approche de l’architecture empreinte de durabilité et d’humanité. Décerné chaque année depuis 2006 par la Fondation EPFL-WISH, le Prix Erna Hamburger récompense une scientifique qui s’est distinguée dans sa discipline. Il est ainsi nommé en hommage à la première femme professeure ordinaire à l’EPFL. La cérémonie de remise du prix a eu lieu le 7 novembre prochain au Rolex Learning Center de l’EPFL, en présence de la lauréate.

« Notre jury a été conquis par la pertinence de ses projets, l’éthique d’Anne Lacaton, ainsi que l’importance qu’elle accorde au développement durable, souligne Aleksandra Radenovic, présidente de la fondation EPFL-WISH. Notre choix souligne aussi la place spécifique de l’architecture à l’EPFL – quand bien même l’exemplarité de notre lauréate résonnera pour nombre d’étudiantes et d’étudiants au-delà et plus largement pour la communauté EPFL. »

Née en 1955, diplômée de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, professeure associée à l’ETH Zurich et professeure invitée à l’EPFL, Anne Lacaton pratique depuis plus de 30 ans une architecture engagée dans laquelle se mêlent durabilité, bien-être bon marché et sensibilité. Avec son partenaire Jean-Philippe Vassal, au sein du bureau Lacaton & Vassal fondé en 1987, elle a fait vœu de ne jamais démolir ce qui peut être rénové, de préserver plutôt que de raser, rendant ainsi durable ce qui existe déjà. « Ce qui est très important, c'est de toujours porter un regard positif et bienveillant sur ce que l'on a déjà. Parce que c'est une richesse énorme. Il ne faut surtout pas considérer que parce que c'est plus ancien ou que cela a déjà vécu que cela ne vaut plus rien », a déclaré l’architecte française dans une interview à France Bleu, après que le bureau Lacaton & Vassal aie reçu le prestigieux prix Pritzker, l’an dernier.

«Leur travail, qui répond aux urgences climatiques et écologiques de notre temps autant qu’à ses urgences sociales, en particulier dans le domaine du logement urbain, redonne de la vigueur aux espoirs et aux rêves modernistes d’amélioration de la vie du plus grand nombre.»      Jury du Prix Pritzker

Le duo joue avec le soleil, l’environnement, les matériaux et use des technologies de serre, des jardins d’hiver, des grandes baies vitrées pour construire des espaces généreux et modulables. En fin de compte, c’est un surcroit de bien-être qu’ils offrent aux habitants comme l’illustre la rénovation de la tour Bois-le-Prêtre, à Paris, un ensemble d’une centaine de logements construits dans les années 60. Leurs transformations se font aussi toujours dans le respect des habitants, des familles attachées à leur quartier, à leurs voisins. Le tandem a ainsi transformé les trois barres d’immeubles de la cité du Grand Parc à Bordeaux, 530 logements, sans que les occupants aient à déménager durant les travaux.

La philosophie d’Anne Lacaton et de Jean-Philippe Vassal prend évidemment tout son sens au lendemain de la crise du covid et à l’heure où la crise énergétique vient sonner la fin de l’inaction face au changement climatique. «Leur travail, qui répond aux urgences climatiques et écologiques de notre temps autant qu’à ses urgences sociales, en particulier dans le domaine du logement urbain, redonne de la vigueur aux espoirs et aux rêves modernistes d’amélioration de la vie du plus grand nombre», a estimé le jury du Prix Pritzker.