COP27 : Le financement du climat a besoin de plus de transparence

La promesse des pays industrialisés de soutenir financièrement les pays émergents et en développement dans les mesures climatiques n'est toujours pas tenue au début de la conférence sur le climat en Égypte. Florian Egli explique ce que les États négocient à la COP27 et ce qui pourrait contribuer à atténuer la perte de confiance.
Lieu de négociation du financement du climat et des objectifs de réduction : Le Congrès mondial sur le climat à Sharm el-Sheikh. (Image : Peter Dejong / Keystone)

Lors de la 21e Conférence sur le changement climatique (COP21) qui s'est tenue à Paris en 2015, tous les pays ont accepté pour la première fois de limiter le changement climatique en fixant des objectifs individuels de réduction des gaz à effet de serre. Avant cela, seuls les pays développés devaient réduire les gaz à effet de serre - des pays comme la Chine, l'Inde et la Corée du Sud n'étaient pas obligés de le faire.

Afin de persuader les pays en développement et les pays émergents de fixer leurs propres objectifs de réduction, les pays industrialisés avaient déjà promis des ressources financières généreuses et continues avant 2015. Le soutien à l'atténuation et à l'adaptation au changement climatique devait atteindre 100 milliards de dollars US par an à partir de 2020. Il s'agit là d'une promesse centrale qui a rendu possible l'Accord de Paris sur le climat.

«Une plus grande transparence dans le financement déclaré des mesures climatiques servirait également les négociations sur les objectifs de financement du climat.»      Florian Egli

Lors de la 27e Conférence sur le changement climatique (COP27) qui se déroule en Égypte depuis deux semaines, le financement du climat est une fois de plus un sujet dominant. Le fait que les fonds n'aient pas été fournis aussi généreusement que promis a déjà provoqué une atmosphère tendue à l'approche de la conférence.

Selon l'OCDE, le niveau le plus élevé à ce jour a été atteint en 2020 avec 82 milliards de dollars US.1 La société civile critique depuis un certain temps déjà le fait que les paiements annoncés par les pays donateurs sont clairement en retard sur les objectifs. Entre-temps, il est toutefois devenu de plus en plus clair à quel point la réalité et les promesses ont divergé.

D'importants déficits de financement

Il est important de comprendre que le suivi du financement international du climat de manière fiable est coûteux et difficile : D'une part, le terme n'est pas clairement défini. D'autre part, les pays donateurs déterminent ce qu'ils considèrent comme des projets pertinents pour le climat.

Dans une étude récemment publiée dans Nature Climate Change, deux collègues de l'ETH Zurich, de l'Université de Saint-Gall et moi-même avons examiné de plus près les flux de financement climatique déclarés au cours des 20 dernières années.2 Grâce à l'intelligence artificielle, nous avons analysé 2,7 millions de projets de développement bilatéraux sur la base de leur description textuelle et les avons classés en fonction de leur pertinence climatique.

Résultat : pour la période post-Paris (2016 - 2019), nous avons identifié environ 40% de financements climatiques en moins que ceux communiqués officiellement par les donateurs. Nous en concluons que les pays donateurs ne versent pas seulement moins que promis, mais qu'ils identifient également comme pertinents pour le climat des projets qui n'ont pas grand-chose à voir avec le climat - et vice versa : des projets ayant une pertinence climatique évidente ne sont pas comptabilisés comme tels.

Citation : «Une plus grande transparence dans le financement déclaré des mesures climatiques servirait également les négociations sur les objectifs de financement du climat.»

La tendance aux promesses non tenues est problématique pour les pays qui dépendent de ce soutien ; pour la conférence sur le climat, car le scepticisme à ce sujet affecte directement les négociations ; et pour nous toutes et tous, car le climat continue de se réchauffer.

Une feuille de route pour renforcer la confiance est necéssaire

La COP27 restera-t-elle dans les livres d'histoire comme la «conférence de mise en œuvre» promise ? Tout dépend de la capacité des États à s'entendre sur un programme de financement ambitieux. Cependant, l'enjeu est bien plus important que la promesse d'antan. À mon avis, les aspects suivants sont essentiels :

  • Atteindre l'objectif des 100 milliards de dollars
    La coopération ne peut réussir que si la confiance règne. Les pays développés doivent montrer qu'ils sont prêts à tenir leurs promesses. Pour cela, ils doivent fournir les fonds manquants et assurer une compréhension et une confiance communes. C'est là que notre outil d'analyse, le Climate Finance BERT, entre en jeu.2 En permettant en principe à tous les pays d'examiner le financement climatique selon des critères uniformes, il crée la transparence et permet la discussion.
  • Poser les bases d'un nouvel objectif de financement
    Une compréhension commune et une confiance accrue pourraient également contribuer aux dialogues d'experts et expertes en cours concernant un nouvel objectif de financement plus élevé à partir de 2025.3 Cet objectif n'est pas encore négocié lors de la COP27, mais un engagement clair des pays développés est nécessaire. Cet objectif devrait également inclure des sous-objectifs pour les subventions et le financement de l'adaptation, afin que les pays les plus pauvres puissent bénéficier davantage des investissements.4
  • Aider à faire face aux dommages climatiques
    Les pays en développement demandent un soutien pour les dommages causés par le changement climatique.5 Jusqu'à présent, les pays donateurs avaient refusé de financer explicitement la gestion des dommages climatiques - seules la réduction des émissions et l'adaptation (l'objectif de 100 milliards de dollars) étaient soutenues. Cela pourrait maintenant changer. Pour la première fois, d'importants pays donateurs, comme les États-Unis, ont fait part de leur soutien et la question a été incluse dans les négociations.7
  • Tous les pays doivent réduire leurs émissions
    Si les pays industrialisés agissent sur les points ci-dessus, les économies émergentes sont susceptibles d'en faire autant. Le rapport sur le déficit d'émissions montre que la Chine émet déjà deux fois plus de gaz à effet de serre que les États-Unis.8 Si tous les pays réalisent leurs objectifs de réduction actuels, les émissions mondiales diminueraient de 5 à 10% d'ici à 2030. Toutefois, une réduction d'au moins 30 pour cent serait nécessaire. Cela ne sera pas possible sans une contribution substantielle des pays émergents : d'ici à 2030, les investissements dans la réduction des émissions doivent au moins quadrupler dans les pays industrialisés et tripler dans les pays en développement.

Si la COP27 parvient à identifier des voies crédibles pour réaliser les investissements nécessaires, il s'agira d'un succès important pour renforcer la confiance. Nous espérons que nos recherches rendront plus transparents les rapports sur le financement du climat, ce qui serait également bénéfique pour les négociations sur les objectifs de financement.