Des images et l'intelligence artificielle pour surveiller les ponts

La start-up SwissInspect a développé un nouveau système d'inspection des ponts qui combine l'ingénierie structurelle avec la technologie des drones, l'intelligence artificielle et la vision par ordinateur. Elle est le résultat d'une recherche menée par le Laboratoire d'ingénierie sismique et de dynamique des structures (EESD) en collaboration avec le Swiss Data Science Center (SDSC). L'entreprise prévoit de tester son système sur une cinquantaine de ponts en Suisse.
Amir Rezaie, PDG de SwissInspect. © Alain Herzog / EPFL

Actuellement, les ponts font l’objet d’une inspection visuelle tous les deux à cinq ans en Suisse. La start-up de l’EPFL SwissInspect vise à offrir un outil d’inspection plus objectif de ces infrastructures, auxquelles pourront s’ajouter un jour les tunnels, les barrages et les bâtiments. SwissInspect allie dans ce but les compétences de l'ingénierie structurelle, la vision par ordinateur et l'intelligence artificielle pour rendre les inspections d'infrastructures plus sûres, plus objectives et plus efficaces.

La start-up a reçu récemment le soutien d’Innosuisse à hauteur de 300'000 francs pour tester durant 18 mois sa technologie sur une cinquantaine de ponts en Suisse. SwissInspect vient également de décrocher la bourse Venture Kick de 10'000 francs, qui lui permettra de développer son activité. Ce projet réunit le Laboratoire d'ingénierie sismique et de dynamique des structures (EESD) et le Laboratoire de topographie (TOPO), rattachés à la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC), qui comptent apporter une expertise en matière de prises de vue à l'aide de drones (UAV).

Planifier l’entretien

«Notre objectif est de donner aux ingénieurs et aux propriétaires d'infrastructures un système qu'ils peuvent utiliser pour planifier plus efficacement les travaux de maintenance et de réparation», explique Amir Rezaie, titulaire d'un doctorat en génie civil et PDG de SwissInspect. «Nous ne voulons pas être un collecteur de données ou une plateforme de visualisation 3D, nous transformons les données brutes en informations exploitables.» À partir des images récoltées, les ingénieurs vont pouvoir détecter différents types de dommages sur les ponts, notamment les fissures, les écaillages, les efflorescences, la rouille, etc. Ils fournissent également une classification des dommages basée sur la physique, une information cruciale pour évaluer la santé structurelle d'un pont.

«En matière d'inspection, la traçabilité des analyses est essentielle.»      Amir Rezaie, PDG de SwissInspect

Jumeau numérique

«En matière d'inspection, la traçabilité des analyses est essentielle. C’est ce que nous cherchons à fournir en créant un jumeau numérique de chaque pont», déclare Amir Rezaie. L’ingénieur civil précise qu'à l'avenir, d'autres sources d'information pourraient être ajoutées à ces jumeaux numériques, à l’exemple des données provenant de capteurs installés directement sur un pont.

Un autre avantage du système de SwissInspect, par rapport aux méthodes d’inspections visuelles traditionnelles, est de pouvoir effectuer une inspection plus fréquente des ponts. Un point particulièrement important dans le contexte du changement climatique, car ce type d’infrastructures sera de plus en plus exposé à l'alternance de périodes d'inondation et de sécheresse ainsi qu'à des taux d'humidité relative plus élevés qui pourraient accélérer la dégradation de leurs matériaux.