L'essence du futur
Le problème est connu de toutes et tous: si nous continuons comme nous le faisons maintenant, sans rien changer à nos habitudes, nous allons mettre le climat au pied du mur. Les étés caniculaires sont de plus en plus fréquents ; les glaciers fondent à un rythme toujours plus rapide. Nous devons de toute urgence réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais comment faire ?
Les transports émettent une grande quantité de CO2 de l’atmosphère. Personnellement, je vois ce problème actuel comme une opportunité à saisir : dans ce domaine, même des changements modestes peuvent avoir un grand impact. Sans parler des améliorations majeures. La recherche et l'investissement sont donc particulièrement intéressants dans le domaine de la mobilité. Et des scientifiques montrent déjà comment on peut s'affranchir du pétrole !
Les avantages de la voiture électrique
Une solution déjà présente est la voiture électrique. Encore faut-il que l’électricité utilisée pour la charger soit elle-même propre, sans oublier que sa construction est plus polluante qu’une voiture à essence. Mais sur la durée, avec le bon mélange d'électricité, la voiture électrique bat de loin la voiture à essence. L'électricité suisse est déjà relativement écologique aujourd'hui (nous disposons de plus de 60 % d'énergie hydroélectrique), et elle le sera encore plus dans les prochaines décennies. Mais ce qu'il y a peut-être de mieux avec la voiture électrique, c'est qu'elle est déjà là, disponible à l'achat.
Les batteries sont adaptées aux courtes distances. Cependant, pour les longues distances, que ce soit sur la route ou dans les airs, il aura toujours besoin de carburant. Les scientifiques travaillent donc sur la production de carburants neutres en CO2. Ceux-ci pourraient un jour remplacer le kérosène, l'essence et le diesel. Une station de remplissage d'hydrogène a été inaugurée à l'Empa à Dübendorf (ZH) en 2015. Aujourd'hui, l'Empa va encore plus loin et produit du gaz méthane synthétique à partir d'électricité renouvelable, d'eau et de CO2 contenu dans l'air. Ce gaz est utilisé d'une part pour stocker de l'énergie (au milieu de l'été, nous avons beaucoup d'énergie solaire mais nous n'avons pas besoin d'autant d'électricité) et d'autre part comme carburant pour les camions. Des partenaires de l'industrie, du secteur de l'énergie et de la logistique sont déjà à bord : Lidl, par exemple, aimerait à l'avenir approvisionner ses filiales suisses de manière neutre en CO2. Et cela grâce à l'écocarburant de Dübendorf.
L'énergie fait de lumière et d'air
La technologie du professeur Aldo Steinfeld de l'ETH Zurich semble presque poétique. Il transforme la lumière et l'air en énergie. Pour ce faire, il utilise des miroirs pour concentrer la lumière du soleil si fortement que la température au point focal est de 1500°C. À ces températures, l'eau et le CO2 de l'air réagissent l'un avec l'autre, produisant des carburants neutres pour le climat. Son ancien collègue Philipp Furler a récemment fondé Synhelion, une spin-off avec laquelle il espère rendre ce carburant commercialisable. Il a également déjà des partenaires importants à son bord. L'aéroport de Zurich a conclu un accord avec Synhelion au cours des dernières semaines. La compagnie aérienne Swiss s'intéresse également à cette technologie.
Comme vous pouvez le constater, des esprits intelligents travaillent déjà avec succès sur de nouveaux carburants. Et à petite échelle, il est déjà possible de produire du «pétrole» neutre sur le plan climatique. La prochaine étape consistera à augmenter la production et à améliorer la technologie pour réduire les coûts. Et nous pourrons être bientôt sur les routes sans nuire à l'environnement.
Cet article est paru à l'origine dans le SonntagsBlick.