Entraînement extrême pour jeunes astronautes

Des candidats astronautes triés sur le volet, dont plusieurs étudiants de l’EPFL, ont vécu un week-end intense dans un camp de survie à Crans-Montana. Il s’agissait d’une préparation à la mission d’isolement Asclepios qui aura lieu au printemps, sous l’égide de l’association «Space@yourService».
Willem Suter fait partie des aspirants astronautes de la mission Asclepios. © EPFL / Emmanuel Barraud

Il a fallu commencer par scier la couche de glace. Puis enfiler les combinaisons sèches, avant de pénétrer dans l’un des environnements les plus inhospitaliers qui soit : les eaux d’un lac gelé. De jour et de nuit.

Huit étudiants n’ayant pas froid aux yeux se sont prêtés à l’exercice le week-end dernier dans l’étang de la Moubra, à Crans-Montana (VS). La plongée n’était que l’une des multiples épreuves du camp d’entraînement mis sur pied par l’association EPFL « Space@yourService » dans le cadre d’une opération de plus grande ampleur : la Mission Asclepios.

Une semaine d’isolement
«L’idée d’Asclepios a germé en août 2019, explique Chloé Carrière, responsable de l’association. Nous voulions mettre sur pied une simulation de mission planétaire habitée, aussi réaliste que possible.» Pour ce faire, la jeune équipe s’est entourée des meilleurs consultants, parmi lesquels l’astronaute suisse Claude Nicollier, l’explorateur français Alban Michon et plusieurs professionnels de l’Agence spatiale européenne (ESA).

La mission aura lieu en avril, sur les crêtes du Jura, dans un lieu encore tenu secret. Six astronautes seront isolés pendant 7 jours dans un module aménagé comme le serait un habitat lunaire ou martien. Le programme de leurs activités comprendra beaucoup d’expériences scientifiques élaborées avec de grandes écoles telles que l’EPFL, l’ETH Zurich ou le MIT.

Leur quotidien sera calqué sur les missions réelles qu’imaginent la NASA et l’ESA, tout comme l’a été le processus de recrutement. «Nous n’imaginions pas recevoir autant d’inscriptions, ni surtout qu’elles viendraient d’aussi loin», reprend Chloé Carrière, évoquant des candidats australiens ou chilien – ce dernier ayant d’ailleurs été sélectionné.

Apprendre à improviser

Formation, aptitudes sportive et solidité psychologique ont été évalués selon les mêmes critères que ceux des agences spatiales. Sur plus de 200 postulants, huit ont été retenus : six astronautes et deux remplaçants. Au camp de Crans-Montana, il se sont retrouvés confrontés à des défis mettant à l’épreuve leur capacité à élaborer des solutions sur-mesure dans un environnement complexe. Construction d’abris, production d’eau, plongée, sauvetage à l’aveugle et vie dans un camp polaire ont été leur quotidien, marqué par des «imprévus» savamment orchestrés afin d’éprouver leur réactivité. Même après trois jours de nourriture lyophilisée. «Ce n’est pas l’espace, mais il y a beaucoup de points communs entre une mission de type polaire et une mission spatiale, observe Alban Michon. Ici, la plongée sous glace leur a en plus permis d’expérimenter la micro-gravité et les mouvements entravés par les combinaisons.»

Bien qu’ils en caressent le rêve, tous ces aspirants astronautes ne partiront certainement pas dans l’espace. La «mission analogue» Asclepios reste une simulation, même si elle est réalisée avec un remarquable sérieux. «Tous sont encore trop jeunes pour postuler officiellement à l’ESA, souligne encore Chloé Carrière. Je suis toutefois convaincue que cette expérience sera très utile à leur avenir.»