«L'ETH Zurich prend au sérieux les exigences des étudiants»

Reto Knutti, les étudiants qui se sont joints à la grève du climat ont présenté une liste complète de 30 revendications, dont certaines étaient ambitieuses. Quelle est la réponse de l'ETH Zurich ?
Reto Knutti : En tant qu'université, nous sommes heureux de voir des jeunes s'impliquer dans la lutte contre le changement climatique. C'est pourquoi nous avons fourni aux élèves une déclaration écrite détaillée sur notre position et notre engagement envers le développement durable. Nous leur avons donné aussi l'occasion de discuter ensemble leurs demandes et nos réponses.

Cependant, votre déclaration ne répond pas à toutes les exigences clés - par exemple, la déclaration d'une urgence climatique...
Nous partageons la vision des élèves d'une société durable, même si nous poursuivons des approches différentes lorsqu'il s'agit d'atteindre certains des objectifs énoncés dans leurs demandes. Les étudiants réclament une interdiction générale de la recherche sur les combustibles fossiles ainsi que des cours obligatoires sur le changement climatique, entre autres choses. L'une des réalisations les plus importantes de notre société éclairée est la liberté d'enseignement et de recherche. De notre point de vue, les interdictions et les restrictions à la liberté d'enseignement et de recherche sont contre-productives et vont à l'encontre de la culture d'empowerment de l'ETH Zurich. De plus, ce n'est pas la responsabilité d'une université de déclarer une crise climatique - cela devrait venir des politiciens, s'il y a lieu.

Quelle est donc votre responsabilité en tant qu'université ?
Nous avons l'obligation de rendre compte des nouveaux résultats et de fournir un contexte afin que le public et les politiciens puissent prendre des décisions fondées sur des faits. La recherche et l'enseignement, libres de dogmes, en sont une condition essentielle. Cela favorise la diversité des opinions et la pensée critique, ce qui crée l'environnement nécessaire pour les domaines d'expertise ainsi que pour les centres interdisciplinaires de l'ETH Zurich qui s'occupent du changement climatique et d'autres questions de durabilité.

Mais à la lumière d'une crise climatique largement débattue, n'est-il pas temps d'en faire plus ?
De mon point de vue, les capacités dont nous disposons en tant qu'université technique et scientifique nous confèrent en effet une responsabilité sociale particulière ainsi qu'un statut de modèle en matière d'environnement. C'est pourquoi nous prenons les demandes des étudiants au sérieux. Depuis des années, l'ETH Zurich contribue au développement durable par le biais d'un enseignement spécialisé, de la recherche sur le développement durable et du transfert de technologie. Il s'agit également de participer aux débats publics, que ce soit par le biais d'articles dans les médias ou de contacts directs avec le public lors d'événements.

Pouvez-vous donner un exemple de la façon dont l'ETH Zurich sert de modèle ?
Nous investissons beaucoup dans un campus aussi exemplaire que possible et nous l'utilisons intentionnellement comme laboratoire vivant. C'est le cas, par exemple, de notre réseau Anergy, d'une installation de stockage souterrain de chaleur, du programme climatique du service de restauration ou encore de la plate-forme de mobilité. Depuis 2016, la consommation d'électricité est presque entièrement couverte par les énergies renouvelables. En outre, l'ETH Zurich, qui fait partie de l'administration fédérale, réduira ses émissions de CO2 de 50% d'ici 2030 par rapport à 2006, tout en compensant le reste.

Que se passe-t-il ensuite ?
Nous sommes conscients qu'il y a encore beaucoup à faire. Nous identifions en permanence des améliorations possibles que nous mettons en œuvre dans le cadre de réglementations légales, par exemple par le biais de la conservation du patrimoine ou de notre obligation de gérer efficacement l'argent du contribuable. Les exigences sont également prises en compte dans ce processus. Les étudiants peuvent également apporter leur propre contribution au changement, par exemple par le biais de la Sustainable Students Commission, qui entretient un dialogue étroit avec l'ETH Sustainability, notre unité du personnel pour le développement durable. En outre, l'ETH Zurich offre aux étudiants de nombreuses autres possibilités de s'engager activement et d'assumer des responsabilités. Notre déclaration donne également un aperçu de ces possibilités.