«La plupart des étudiant·e·s sous-estiment le soutien que l’on peut trouver»
Los Angeles, juillet 2019. Swissloop et EPFLoop prennent la seconde et troisième place de SpaceX Hyperloop. Cette compétition internationale encourage le développement d’un nouveau type de transport circulant à très haute vitesse à travers des tunnels à basse pression. Les deux projets sont entièrement menés par des étudiantes et des étudiants, respectivement de l’ETH Zurich et de l’EPFL. Nathalie Nick a rejoint en 2018 l’équipe zurichoise qui rassemble une vingtaine de personnes. Elle en a pris la co-présidence un an plus tard tout en poursuivant ses études en génie mécanique à l’ETH Zurich.
Pourquoi vous êtes-vous engagée dans une telle compétition?
J’avais entendu parler de Swissloop sur les réseaux sociaux ainsi que par des collègues. L’idée m’a fascinée: construire quelque chose qui n’a jamais existé et qui doit fonctionner dans des conditions extrêmes et proches de celles trouvées dans l’ingénierie spatiale. J’étais également consciente de ce qu’une participation pourrait apporter en termes de compétences, notamment le travail d’équipe, interdisciplinaire et technique. Ce sont des choses que l’on n’apprend pas dans une salle de cours.
Quand avez-vous rejoint Swissloop?
En 2018; j’étais alors en 3e année de bachelor de génie mécanique. J’ai rejoint Swissloop, une association d’étudiantes et d’étudiants, et intégré l’équipe mécanique. Nous avons atteint la deuxième place en 2019, un magnifique résultat! J’ai toutefois pensé qu’il y avait pas mal d’éléments sur lesquels travailler pour améliorer nos performances. J’en ai parlé à l’équipe de direction, et je l’ai rejointe comme co-présidente. Depuis, je consacre beaucoup de temps au management du projet, à sa planification à long terme ou encore aux partenariats.
Pourquoi être passée de la technique au management?
La gestion de projet m’a toujours intéressée; j’en avais déjà fait l’expérience au gymnase. J’aime avoir une vue globale et pouvoir mener des travaux de A à Z avec une équipe motivée. Avec Swissloop, il s’agit de gérer un projet très technique, ce qui me plaît particulièrement.
Des aspects négatifs?
Il faut évidemment résister au stress, naviguer dans des situations imprévues et gérer des avis divergents. Mais j’aime bien les défis!
Comment gérez-vous la double charge de travail des études et d’un projet?
C’est quelque chose que je connais depuis mon enfance – je faisais par exemple du patinage artistique à côté de l’école et j’ai passé le brevet de professeure de ski il y a quelques années.
Vous n’êtes jamais envieuse de connaissances travaillant moins qui profitent plus des loisirs?
Non, jamais! D’abord, ce projet me fait passer du temps avec des gens avec qui je partage une même passion. Il m’arrive certes de travailler les week-ends, mais nous faisons tout pour planifier les choses correctement et éviter l’accumulation des travaux faits dans l’urgence. C’est un aspect très important: il faut disposer de temps calme pour anticiper et développer des solutions créatives, ce qui ne va pas si on court tout le temps derrière les délais. Cela ne fonctionne pas trop mal avec Swissloop: j’ai toujours réussi à faire d’autres choses à côté, comme aller skier!
Le temps consacré au projet est-il reconnu dans vos études?
Non, pas pour moi. Mais c’est le cas pour certains autres participants. Nous identifions des projets dans Swissloop pouvant faire l’objet de travaux de recherche reconnus officiellement. Huit étudiantes et étudiants peuvent nous rejoindre dans le cadre de leurs études grâce au programme Focus Projects, géré par le Département de génie mécanique et des procédés de l’ETH Zurich.
Vous êtes-vous sentie soutenue par le milieu académique?
Oui, entièrement. Nous avons pu obtenir des espaces de travail et de recherche à l’ETH Zurich ainsi qu’à l’EMPA, qui a installé une piste d’essai de 120 mètres de long. La plupart des étudiantes et étudiants sous-estiment le soutien que l’on peut trouver, notamment auprès du corps enseignant et des chercheuses et chercheurs, mais il suffit de leur demander!
Vos conseils à vos collègues?
Si vous avez une idée, il faut vous lancer! Il y aura ensuite plein de gens motivés à participer à un bon projet. Pour moi, il est important d’élargir son horizon durant les études, de faire d’autres choses. On apprend énormément ainsi.
Et aux institutions?
S’engager dans un projet tel que Swissloop représente encore souvent un sacrifice, avec énormément d’heures consacrées à côté des études. Il serait très bénéfique de les voir créditées de manière plus systématique, et que d’autres programmes tels que Focus Projects soient mis sur pied. Garder des programmes d’étude flexibles est important, car il peut s’avérer difficile de se préparer aux examens lorsqu’on s’engage à côté dans de gros projets. Dans ce cas, pouvoir sans trop de problème rallonger les études aide vraiment.