Garder les utilisatrices et utilisateurs au centre des préoccupations
Partout dans le monde, la pandémie du COVID-19 a poussé les systèmes de santé à leurs limites, du moins pour le moment. Mais même si la crise sanitaire la plus grave de l'histoire récente est surmontée un jour, l'évolution démographique mondiale pose d'autres défis urgents au secteur de la santé.
D'ici 2050, les plus de 60 ans représenteront 34 % de la population suisse. L'incidence des maladies chroniques augmentera, et la hausse des coûts et des exigences en matière de main-d'œuvre mettra encore plus sous pression les services de santé. Nous ne pourrons relever ces défis que si les services de santé sont fournis de manière plus efficace, tout en maintenant des soins de qualité pour chaque individu.
Les technologies numériques mobiles, telles que celles qui sont développées à l'ETH Zurich et dans le cadre du programme Future Health Technologies du Singapore-ETH-Centre, constituent un levier important pour accroître cette efficacité. Elles permettent d'apporter l'expertise médicale de l'hôpital au domicile des patient·es. Ces technologies peuvent être utilisées à la demande, à tout moment de la journée, pour toute une série d'applications - de la prévention des maladies à la gestion des patient·es et à la réadaptation.
Des capteurs, des données et des robots
Des capteurs et des systèmes d'analyse de données portables, par exemple, permettent aux utilisatrices et utilisateurs de prévoir le risque de chute et de subir une fracture et d'agir en conséquence avant qu'un accident ne se produise. Et des systèmes robotiques qui fournissent une thérapie, surveillent les progrès du patient et communiquent avec des expert·es de la santé pourraient jouer un rôle clé dans la réadaptation des victimes d'accidents vasculaires cérébraux à domicile.
Ces systèmes ne remplaceront jamais l'interaction avec les médecins et les thérapeutes, mais ils peuvent la compléter. Les assistants virtuels des applications pour smartphones, par exemple, rappellent aux utilisatrices et utilisateurs de prendre des habitudes saines dans la vie quotidienne, même en l'absence de leur nutritionniste ou de leur entraîneuse ou entraîneur personnel·le.
Lors du développement de telles technologies, il est crucial que la technologie de la santé fournisse le service de santé approprié aux patient·es, mais aussi qu'elle soit bien acceptée par les patient·es et leurs familles. Dans la pratique, l'efficacité de ces technologies dépend de leur capacité à répondre aux besoins des utilisatrices et utilisateurs et à gagner leur confiance. Cela ne peut être réalisé qu'en tenant compte de la culture et des normes sociales des utilisatrices et utilisateurs et en les impliquant dès le début du processus.
Un équilibre délicat
Les défis posés par les technologies numériques de la santé sont en phase avec ceux des technologies intelligentes dans d'autres domaines et les villes intelligentes. Elles ont toutes en commun d'analyser d'énormes quantités de données personnelles. Et comme nous l'avons vu pour les applications, comme SwissCovid, qui permettent de suivre les contacts des personnes infectées, la vie privée et la sécurité des données sont des questions essentielles qui doivent être soigneusement examinées et correctement traitées.
Il est important de garder à l'esprit le compromis entre une confidentialité maximale et un bénéfice médical maximal pour les patient·es et la société. L'utilisation de données différentes provenant d'un·e même patient·e pourrait permettre une prestation de soins de santé plus personnalisée pour cette personne et, à long terme, contribuer à affiner les technologies de la santé au profit du grand public. Toutefois, étant donné que les données sur la santé sont sensibles, il est essentiel que chaque individu puisse décider quelles données provenant des dossiers médicaux, des appareils portables, des applications de fitness, des médias sociaux et d'autres sources peuvent être collectées et utilisées pour un diagnostic et un traitement médical.
Si nous parvenons à gagner la confiance des utilisatrices et utilisateurs de cette manière, nous serons en bonne voie pour relever l'un des plus grands défis du système de santé.