Un partenariat pour offrir des perspectives de carrière en Croatie

Depuis plusieurs années, l’EPFL travaille en étroite collaboration avec la Croatie pour offrir à des jeunes chercheurs la possibilité de mener un programme de recherche dans ce pays. Rencontre avec des participants de ce projet pilote conçu sur la base du savoir-faire de l’EPFL.
Académie croate des sciences et des arts © iStock

Officiellement lancé en mai 2018, le programme pilote de promotion des tenure-tracks en Croatie a été mis en place par l’EPFL, le Département du développement et de la coopération suisse (DDC), le Ministère pour la science croate, le Ministère pour le développement régional croate et la Fondation scientifique croate. Le but: offrir des perspectives d’avenir aux chercheurs les plus prometteurs.

Pour limiter la fuite des cerveaux à l’étranger, le programme repose sur un système tenure-track, appliqué avec succès à l’EPFL depuis l’année 2000. «Les jeunes scientifiques obtiennent un statut de professeur assistant et disposent d’un budget d’environ 1,1 million de francs, d’une équipe, de matériel et d’un soutien administratif pour mener leurs recherches de manière indépendante», explique Olivier Küttel, Délégué du Président aux Affaires internationales à l’EPFL, qui travaille sur ce projet depuis 2013. «Après 5 ans, un poste permanent leur est assuré si l’expérience est concluante.»

Collaboration continue

A l’image de Paolo Ricci, Chef du groupe Théorie du Swiss Plasma Center, plusieurs professeurs de l’EPFL font partie de l’aventure en tant que «mentors». Leur rôle est de prodiguer conseils stratégiques et administratifs aux jeunes chercheurs, tout en appréhendant leurs sujets de recherche.

Paolo Ricci a lui-même bénéficié du système tenure-track de l’EPFL. «C’est peut-être la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma carrière scientifique. J’ai eu un mentor exceptionnel et participer à ce programme me semblait le minimum pour rendre tout ce que j’ai eu la chance de recevoir», confie-t-il.

Le théoricien s’est rendu pour la première fois à l’Université de Zagreb la semaine dernière pour rencontrer son mentee, Kosuke Nomura, et son équipe: «La Croatie est en pleine croissance d’un point de vue scientifique. J’ai pu voir l’enthousiasme de ces jeunes chercheurs et leur envie de contribuer au développement de la Croatie».

Tamara Nikšić (mentor, Université de Zagreb), Kosuke Nomura (professeur assistant, Université de Zagreb), Paolo Ricci (mentor, EPFL) © Kosuke Nomura

Tamara Nikšić (mentor, Université de Zagreb), Kosuke Nomura (professeur assistant, Université de Zagreb), Paolo Ricci (mentor, EPFL) © Kosuke Nomura

Aider la jeunesse scientifique

Kosuke Nomura est l’un des trois talents ayant été sélectionnés pour ce projet. Japonais d’origine, il a un lien particulier avec la Croatie puisqu’il a été post-doctorant à l’Université de Zagreb de 2015 à 2018. «L’univers de recherche était très stimulant, je voulais vraiment poursuivre mes travaux ici. J’ai entendu parler du programme et j’ai décidé de tenter ma chance», raconte-t-il.

Lorsque Kosuke Nomura a appris que sa candidature avait été retenue, il était de retour au Japon depuis quelques semaines, occupant un poste permanent à l’Agence japonaise de l’énergie atomique. Plusieurs raisons l’ont poussé à accepter ce nouveau défi: «A Zagreb, j’avais la possibilité d’être indépendant et de former mon propre groupe de travail. Ceci n’était pas possible au Japon. En plus, j’adore la Croatie!».

Kosuke Nomura a posé ses valises dans la capitale croate en mai 2019 pour commencer son projet de recherche dans la physique nucléaire théorique, «Exotic Nuclear Structure and Dynamics» En combinant modélisations mathématiques et calcul scientifique avancé, le but ultime est de développer un cadre théorique universel pour décrire la structure et la dynamique des noyaux atomiques.

Equipe du projet “Exotic Nuclear Structure and Dynamics” © Kosuke NomuraEquipe du projet “Exotic Nuclear Structure and Dynamics”: Marko Imbrisak (doctorant, Université de Zagreb), Tamara Nikšić (mentor, Université de Zagreb), Kosuke Nomura (professeur assistant, Université de Zagreb), Paolo Ricci (mentor, EPFL), Konstantinos Karakatsanis (Postdoc, Université de Zagreb) © Kosuke Nomura

Des ambitions à plus grande échelle

«Au-delà des éléments clés que sont l’indépendance de recherche, les moyens mis à disposition des scientifiques et le mentoring, une telle initiative peut faire changer le système interne des pays qui, très souvent, est trop compliqué et limite les opportunités de carrière», détaille Olivier Küttel. «Ce projet est un modèle que l’on doit montrer à l’échelle européenne, car il peut constituer une référence pour des décisions prises dans le cadre du programme Horizon Europe».

Pour Kosuke Nomura, c’est bien plus qu’une position permanente: «C’est très gratifiant, car en plus de me concentrer sur mes recherches, je développe ma carrière à travers des activités d’enseignement». A plus long terme, le théoricien espère former un groupe d’experts et ainsi contribuer au rayonnement de l’Europe dans le domaine de la physique nucléaire théorique.