«Redémarrer rapidement, mais avec beaucoup de prudence»

En trois étapes, la direction de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich a planifié la fin du fonctionnement d'urgence d'ici à la fin 2020 pour la recherche, l'enseignement et l'administration. Chaque étape se devra d'être conforme aux directives de la Confédération, souligne Joël Mesot, président de l'ETH Zurich. La santé des employé·e·s et des étudiant·e·s reste la priorité absolue.

Norbert Staub 24.04.2020

M. Mesot, comment percevez-vous l'état d'esprit des membres de l'ETH Zurich après cinq semaines de fermeture ?
Bien sûr, j'ai ressenti l'incertitude et aussi la frustration que l'opération d'urgence a apportée au départ. Mais j'ai été très heureux et impressionné par la créativité, l'engagement spontané et l'esprit d'équipe avec lesquels les membres de l'ETH Zurich ont relevé le défi du coronavirus. Nous avons mis notre enseignement sur le Web pratiquement du jour au lendemain et toute une série de projets ont été lancés pour aider à résoudre la crise sanitaire. Les processus administratifs continuent également de fonctionner.

La Confédération va assouplir les mesures au niveau national à partir du 27 avril. L'ETH Zurich peut désormais envisager une normalisation. Qu'est-ce qui l'emporte pour vous : la douleur du temps perdu ou le soulagement que l'ETH Zurich sera bientôt, espérons-le, à nouveau remplie de vie ?
Ce dernier point. Je suis heureux que la phase d'impossibilité de travailler dans les bâtiments de l'ETH Zurich arrive à son terme. Je pense avant tout à celles et ceux qui font de la recherche expérimentale et qui ont dû mettre fin à leurs expériences. La recherche en laboratoire étant très affectée par les opérations d'urgence, elle est une priorité dans notre plan directeur pour le retour à des conditions normales. Nous tenons à ce que les laboratoires soient mis en service le plus rapidement possible, mais nous devons procéder avec une extrême prudence.

Qu'est-ce que cela signifie concrètement ?
À partir de la semaine prochaine, les départements pourront progressivement autoriser les recherches expérimentales. L'objectif est d'acquérir de l'expérience sur la manière dont l'opération de recherche peut fonctionner dans le respect des réglementations en matière de distance et d'hygiène. Je demande donc à tous les chercheurs·euses qui souhaitent retourner dans leurs laboratoires le plus rapidement possible de continuer à être patients.

«L'approche par étapes permet de planifier concrètement la sortie d'une opération d'urgence. Compte tenu de la complexité et de la taille de l'ETH, c'est crucial pour nous.» Joël Mesot

Le scénario de sortie de l'ETH Zuirch est divisé en trois phases. Quelle en était la raison ?
Nous voyons de plus en plus la lumière au bout du tunnel avec les chiffres du nombre d'infection en Suisse - mais nous devons être conscients : nous allons rester encore longtemps dans ce tunnel. D'une part, l'approche par étapes permet d'établir des plans concrets pour sortir de l'état d'urgence. Compte tenu de la complexité et de la taille de l'ETH Zurich, c'est crucial pour nous. D'autre part, la mise en scène permet de vérifier régulièrement si nous sommes sur la bonne voie et d'ajuster le plan si nécessaire. Bien entendu, le caractère contraignant des déclarations pour la première phase, qui dure jusqu'à la fin du semestre, est beaucoup plus important que pour la dernière phase, qui commence avec le semestre d'automne et devrait durer jusqu'à la fin de l'année environ.

Dans un premier temps, l'intensification de la recherche expérimentale est donc une priorité. Quels sont les principaux objectifs de la deuxième étape ?
Pendant cette période - qui comprend les interruptions de semestre - les évaluations des performances revêtent une importance particulière. L'un de nos objectifs les plus importants depuis le début de la crise sanitaire est de faire en sorte que, dans la mesure du possible, aucun de nos étudiant·e·s ne perde un semestre, voire une année, à cause de la pandémie. C'est pourquoi nous souhaitons que les examens de session aient lieu en août, dans la mesure du possible. Les examens oraux doivent avoir lieu dans les bâtiments de l'ETH Zurich. Le recteur Sarah Springman informera les étudiant·e·s des détails séparément.

Cette période jusqu'au 8 juin coïncide avec la date limite fixée par le gouvernement pour l'ouverture générale des universités aux étudiant·e·s. Comment la direction de l'école aborde-t-elle cette question ?
Comme toujours, la décision fondamentale ira certainement dans ce sens : pendant cette phase, nous gérerons le retour des étudiant·e·s et des employé·e·s sur les lieux de travail publics de l'ETH Zurich de manière très prudente, contrôlée et progressive.