La plus grande menace en matière de cybersécurité, c'est nous-mêmes

Michael Hengartner est président du Conseil des EPF - et donc, en quelque sorte, le chercheur en chef de la Suisse. Dans sa chronique, il commente et explique le monde de la science. Cette semaine : comment nous devons apprendre à avancer avec plus de prudence dans le monde numérique.
Chaque pays, chaque entreprise, chaque personne doit apprendre à se protéger contre les attaques dans le cyberespace. (Image: Shutterstock)

Nous sommes tous des voyageurs numériques. Pratiquement tout le monde possède un ou plusieurs ordinateurs connectés à Internet, qu'ils soient posés sur le bureau, intégrés dans le téléphone portable, dans la montre, dans la voiture ou même dans la brosse à dents. Nous donnons volontairement une grande partie des informations numériques qui nous concernent : nous téléchargeons des photos privées sur Instagram et Facebook pour les partager avec notre famille, nos amis ou parfois avec le monde entier. Mais il existe d'autres données que nous voulons garder privées ; par exemple lorsque nous écrivons des courriels ou encore quand nous utilisons le service d’e-banking. Cependant, comment savons-nous que ces données sont sûres ? Que personne n'y accède, ne les analyse et ne les transmette ou même ne les utilise contre nous ?

Récemment, des pirates informatiques ont attaqué une entreprise de transport en Suisse en bloquant tous ses systèmes. Ils ont exigé une importante somme d'argent comme rançon. Cela montre que l’univers numérique, s’il est évidemment un monde passionnant, est aussi un monde incertain.

Que peut-on faire ? Se passer des moyens de communication et des services numériques n'est pas une solution d'avenir. Tout ce que vous pouvez faire, c'est prendre les mesures de sécurité appropriées. Chaque pays, chaque entreprise, chaque personne doit apprendre à se protéger contre les attaques dans le cyberespace - tout comme nous avons appris, il y a plusieurs milliers d'années, à nous défendre contre la violence et le vol dans le monde réel.

Dans le monde réel, tous les pays ne bénéficient pas de la même sécurité. Un niveau de sécurité élevé, comme c'est le cas en Suisse, par exemple, n'est pas seulement attrayant pour les citoyens, c'est aussi un avantage certain dans la concurrence mondiale.

Car, oui, je suis convaincu qu'il y aura dans ce domaine aussi de la concurrence. Et comment la Suisse peut-elle relever ce défi ? Au moins trois éléments contribueront à un haut niveau de sécurité : le matériel, les logiciels et les "humanware", c'est-à-dire les personnes.

«Le maillon le plus faible de la chaîne de sécurité n'est souvent ni le matériel ni le logiciel, mais les êtres humains.»      Michael Hengartner

Humanware ? Oui, absolument, car la sécurité n'est pas seulement une question technologique. Le maillon le plus faible de la chaîne de sécurité n'est souvent ni le matériel ni le logiciel, mais les êtres humains, qui ne reconnaissent pas le danger et offrent donc aux (cyber)criminels un passage en raison de leur comportement. Le cheval de Troie ne se cache pas toujours où l’on croit.

Tout comme nous avons toujours préparé nos enfants aux dangers du monde réel, nous devons tous apprendre à nous déplacer avec précaution dans le monde virtuel. Les écoles ont reconnu ce défi, les programmes scolaires sont en cours d'adaptation. Le niveau universitaire bouge aussi. L'ETH Zurich et l'EPFL, par exemple, proposent désormais un master conjoint en cybersécurité.

Mais qu'en est-il de nous, ceux qui sont sortis de l'école depuis longtemps ? C'est à nous de poursuivre notre formation ! La Suisse doit se préparer pour la transformation numérique, avec pour mots-clefs l’apprentissage tout au long de la vie.

Heureusement, les offres sont de plus en plus nombreuses. L’EPFL Extension School, l'association digitalswitzerland et diverses associations professionnelles présentent sur leur site web tout un éventail de cours et de programmes passionnants. Il est maintenant temps de saisir cette opportunité !

Cet article est paru à l'origine dans le SonntagsBlick.